mercredi 30 octobre 2013

Un peu d'histoire

Le voyageur qui prend le train entre Saint-Etienne et Lyon roule sur une voie remarquable à plus d’un titre : ligne aujourd’hui la plus fréquentée de la SNCF (hors banlieue parisienne), elle détient aussi le record de durée d’une grève des cheminots – plus de trois mois, il y a quelques semaines. C’est surtout la première ligne de voyageurs de l’histoire du chemin de fer français, ouverte en 1832.

Le transport de la houille est, au début, l’unique justification du rail : pour les hommes, la diligence va plus vite. Les premières années, faute de locomotives en nombre suffisant, les rames sont tractées, sur certains tronçons, par des chevaux, voire des boeufs, ou lancées en roue libre dans le sens de la descente. On s’entasse sur des banquettes en bois, pour quatre à cinq heures de trajet entre les deux villes.

Fondée par les Seguin, quatre frères ingénieurs et hommes d’affaires, une compagnie privée exploite la ligne de 58 km après l’avoir construite et avoir creusé quatorze tunnels. Ne réussissant à en importer d’Angleterre que deux, elle fabrique ses locomotives et, en 1845, la fin de la traction animale ramène le trajet à 2 heures 30. Lors d’essais, le 100 km/h est même atteint !

Ailleurs, les initiatives similaires se multiplient, un réseau national se crée : en 1860, Lyonnais et Stéphanois ont le choix entre deux itinéraires pour se rendre à Paris ! En un demi- siècle de travaux frénétiques, la France se dote de 50 000 km de voies ferrées, si bien qu’à la veille de la Première Guerre mondiale, il ne reste que quelques liaisons montagneuses à terminer.

Mais la concurrence automobile entraîne la fermeture de dessertes locales et, de 1920 à 1980, la France perd près de la moitié de ses rails. Entre Lyon et Saint-Etienne, il faut les renouveler régulièrement, tant le trafic augmente, surtout à partir de l’électrification de la ligne, en 1957. Actuellement, plusieurs TGV l’empruntent, mettant Saint-Etienne à 2 heures 50 de la capitale. Les TER vont jusqu’à Lyon en 45 minutes, à raison de deux à six circulations par heure, dans chaque sens. Insuffisant, selon les associations d’usagers, qui pointent les rames bondées, parfois rallongées au point de dépasser du quai. Les frères Seguin avaient vu trop petit…

Julien Alliot
Télécâble Sat Hebdo

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